Cette page a été mise à jour 1 janvier 2003.
Vous pouvez voir la signification d'une image en passant la souris dessus.
Ce petit cours de paléographie est illustré par un document extrait de mes archives. "27 novembre 1581 - Vente par les DUMONTEIL pour les prêtres". (Voir le document).
Après un rapide coup d'œil à ce texte, plusieurs remarques viennent à l'esprit.
→ Il y a des lettres incompréhensibles ou déformées que l'on retrouve plusieurs fois (nous verrons qu'il peut s'agir de sigles, notes ou abréviations qui peuvent représenter des groupes de lettres.
→ Certains mots sont pourvus de majuscules alors que l'on ne s'y attend pas. Pour d'autres c'est le contraire.
→ Certains mots peuvent sembler coupés ou collés de manière anarchique.
Pour répondre tout de suite à la deuxième question
et clore ainsi le débat, notons qu'à cette époque
aucune règle n'était encore précisément fixée.
Essayons donc de répondre aux autres questions.
Attention aux surprises !
Mais n'allons pas trop vite, ce n'est qu'après un long et continuel entrainement beaucoup d'automatismes viendront.
Ici une date et là une somme d'argent. Ici un lieu et là un prénom.
Ici une abréviation et là une note tironienne, ici encore une contraction et là deux mots semblent vouloir dire la même chôse, pourtant écrits différemment. Ensuite je vous propose quelques conseils.
Commençons par découvrir ensemble comment déchiffrer quelques lettres.
A tout seigneur, tout honneur, commençons par la première lettre du document. Un L majuscule.
Ce
n'a d'ampleur qu'en proportion avec l'humeur du scribe qui commence une
n-ième copie de ce document. Ne nous laissons donc pas surprendre par cette imposante première lettre !
Toujours dans le premier mot du manuscrit, apparaît ensuite la lettre e.
Cette lettre
mérite attention, elle est très caractéristique. Notons bien sa forme, pour
un peu on la confondrait avec le couple ie. Ici la lettre e du mot "Le" est facilement
identifiable mais ce n'est pas le cas de tous les mots.
Je vous propose, pour poursuivre, de nouvelles difficultés deux mots plus loin avec les lettres s et f :
en effet ici les deux
mots "septiesme" et "jour" sont collés. Notons bien qu'ici la lettre
"s" est écrite de deux façons différentes. Dans le
premier cas, la graphie
est utilisée lorsque la lettre commence le mot. Dans l'autre c'est
la graphie qui est utilisé
lorsque la lettre est médiane . (Nous verrons plus loin dans le
document une graphie encore différente :).
Le cas de la lettre "s" n'est pas isolé. Attention, ne confondons
pas cette lettre avec le (F)
qui lui est barré.
La lettre r (mot 5 ligne 1)
Le mot jour cité plus haut contient la lettre minuscule
qui ressemble à s'y méprendre à un R majuscule écrit
en petit.
Les lettres i, u, v, n et m
Le déchiffrage de cette première ligne, réalisé
bien sûr avec beaucoup d'aisance, peut laisser le paléographe
amateur dubitatif. En effet. Un œil averti comme un œil novice devra s'armer
de patience pour distinguer la différence entre n, u et v ou encore
entre in et m ou encore entre bien d'autres combinaisons. Regardons deux
exemples tirés un peu plus loin dans le texte : le premier mot de
la ligne 3 ou le premier
mot de la ligne 6 .
La lecture presque aisée de la deuxième ligne nous présente deux nouveautés :
le "z" pluriel (ici dans le mot centz)
le mot ung soit le numérique
un dans sa forme archaïque. Il serait dommage, bien que parfois tentant,
de le confondre avec cinq ! Mais l'erreur peut aussi être faite dans
l'autre sens.
Haut de la page Continuons la lecture de ce texte sans nous laisser perturber par les fantaisies du scribe.
En effet, comme nous pouvons le remarquer, les scribes prenaient souvent des libertés qui ne nous facilitent pas la lecture des documents datant de cette époque.
J'en veux pour exemple le mot de la ligne 6 dont le "s" prend 4 lignes ! Cette malice n'est pas isolée et se retrouve régulièrement sur d'autres lettres
qui peuvent s'étendre sur 2 ou 3 lignes. Nous avons aussi vu plus haut un autre caprice des scribes, certains mots sont mal coupés. Cela étant les scribes nous comblent souvent d'une diffuculté supplémentaire :
Parfois, ils écrivent différemment
dans le même texte le même mot. En voici un bon exemple avec le mot Château de la ville de Châteauponsac.
Les deux graphies ci-dessous ne tiennent pas compte des différentes formes d'écriture du s :
Ligne 3 : ou ligne
16
Alors amis débutant, ne désepère pas !
Au cours de mes déchiffrages, j'ai personnellement éprouvé
beaucoup de joie à la découverte d'une lettre me donnant la clé d'un mot.
Haut de la page Les notes dites tironiennes sont les abréviations qui étaient utilisées par les scribes
pour gagner du temps et de l'espace sur le papier ou le parchemin.
Généralement, elles sont à la base de lettres de l'alphabet plus ou mois modifiées.
Les "notæ" ont été créées à l'origine par Tiron (Tullius Tiro), secrétaire et affranchi de Cicéron. Il eut cette idée pour pouvoir écrire aussi vite que la parole. Elles ont ensuite été abandonnées. Un nombre très restreint de ces sigles a été réutilisé entre les XVIè et XVIIè Siècles.
Pour commencer voici les 4 "notes" les plus courantes, d'autres notes suivent dans le cours 2.
Ce "9" remplace "con" ou "com"
→ Exemples
9me signifie comme
9munaulte signifie communauté
9tempté signifie content
Ce "p surligné" remplace "pre"
→ Exemple
_ psent signifie présent
Ce "p souligné" (à partir de la jambe) remplace "par" ou "per" ou "por"
→ Exemples
psonnelement signifie personnelement
ptage signifie partage
Ce "p souligné" (à partir de la panse) remplace "pro"
→ Exemple
pces signifie procès
D'autres notes dans le cours 2 Haut de la page Les contractions Elles peuvent être de tout genre. Pas faciles à déchifrer, il faut connaître les habitudes du scribe, le contexte du document.
→ Exemples
pret signifie présent
touos signifie tournois
Haut de la page Les abréviations Il est impossible de toutes les recenser, je vous donne ici une des plus courantes. D'autres suivent dans le cours 2 :
lad, led, lesd, desd... pour la dite, le dit, les dites...
D'autres abréviations dans le cours 2 Haut de la page Pour poursuivre voici quelques conseils
Nous l'avons vu toutes ces difficultés de lectures ne sont pas anodines. Elle viennent essentiellement du fait que les scribes voulaient gagner du temps et de la place mais c'était aussi, pour eux, un moyen de protéger leur savoir en le codifiant avec des règles propres à leur "caste". Une personne alphabétisée mais non iniciée ne pouvait comprendre un document sans leur aide.
Je vous propose quelques idées pour commencer la lecture d'un document difficilement déchiffrable.
1/ Avant tout, quelque soit le document, numérotez les pages de votre document non pas par page mais par numéro de feuille suivi de recto ou verso. Ensuite numérotez les lignes en commençant par 1 chacune des pages.
2/ Chercher la date de l'acte. Elle est presque toujours en tout début ou en fin du document.
3/ Chercher, en survolant le document, les prénoms (attention aux abréviations du style fcois pour François).
4/ Chercher les patronymes (attention, leur écriture peut être phonétique commme par exemple LA VALETTE, LAVALETTE, LAVALLETTE, L'AVALLETTE, LA VALÈTE... etc)
5/ Chercher les lieux (attention aux changements dus à la Révolution comme Châteauponsac devenu Ponsac La Montagne, dus aux fusions de Communes, aux changements de noms...)
6/ Chercher des expressions ou des montants qui peuvent indiquer la nature de l'acte et aider ou guider à son déchiffrage et chercher aussi s'il est fait référence à d'autres dates dans le document..